Quand le dépaysement ne tient qu’à la plongée dans une BD, c’est que scénario et esthétique touchent en plein cœur, suspendant le temps de lecture en voyage immobile. Avec « Voyage aux îles de la Désolation », on a le privilège d’accompagner l’auteur, Emmanuel Lepage, à bord du Marion Dufresne, bâtiment voué à sillonner les océans dans l’unique but de ravitailler les bases scientifiques subantarctiques, Crozet, Kerguelen, Amsterdam. C’est une inoubliable rencontre avec ceux qui vivent l’attraction des pôles, professionnels passionnés ou touristes avides d’extrêmes, ça sent l’odeur du mazout et le vent austral, et ça en apprend un peu plus sur les mystères des missions en terres australes. Le regard de Lepage mêlé à son excellent coup de crayon en font une magnifique BD documentaire à découvrir les yeux grand ouverts.
On lit « Les Petits Ruisseaux » comme une comptine pour adulte, une histoire de bonhommes et de bonnes femmes confrontés aux douces surprises et aux dures réalités de la vie. Le héros croqué par Rabaté, c’est Emile, un vieux veuf fana de pêche qui dévore les instants avec délicatesse. Voilà encore une histoire qui traite d’existentiel et accompagne le lecteur dans ses propres questionnements. Une belle lecture, quoi, un joli moment… Si vous n’êtes pas convaincus, sachez tout de même que cet ouvrage contient quelques touches de sexe, un peu de drogue et pas vraiment de rock n’ roll…
Ca commence par ma curiosité pour Sartre, mon attrait pour Beauvoir. S’ensuit un agréable échange avec les auteures, Mathilde Ramadier la scénariste et Anaïs Depommier la dessinatrice. Et puis logiquement, la lecture de « Sartre », la BD réalisée par ces deux bouts de femmes pas plus âgées que moi, la passion au cœur. L’une pour le dessin, l’autre pour l’homme, le philosophe, l’écrivain. Elles nous invitent à le suivre dans des moments de sa vie, choisis, signant là une œuvre d’art qui fait document. Je recommande et tire mon chapeau. Chez Dargaud.
S’il est un ouvrage qui m’émeut à en verser des larmes, c’est l’adaptation du Petit Prince de St Exupéry par le génial Joann Sfar. Sous ses traits en pointillés, la singularité de l’enfant aux yeux démesurés, expressif au possible, me touche en plein cœur. Il raconte la complexité de la vie avec une simplicité déconcertante, fait voyager de planète en univers grâce à un ingénieux choix de couleurs. Rien de tel que ce classique revisité, l’essentiel suggéré. Chez Gallimard.
C’est un magnifique travail d’équipe qu’ont réalisé Prudhomme et Rabaté avec « La Marie en Plastique » ! Une véritable œuvre d’art dans laquelle se côtoient un scénario finement amené et un dessin extrêmement précis. Aucun détail n’est laissé au hasard, les expressions des personnages, leurs postures, leurs répliques, pour raconter une histoire miraculeuse où bigoterie et communisme font drôle de ménage, dans une famille tout ce qu’il y a, au premier abord, de plus banale. Ca grince doucement, juste ce qu’il faut. Un moment de lecture savoureux.