Le rouge, béant,
l’emporte sur le jaune, pâle.
Dessous, pas d’espace pour crier ou déposer une ultime gerbe de soi.
Le dessous, jaune, pâle, ploie sous l’épaisse poisse, rouge, il ploie mais ne se brise pas, il ploie mais ne vire pas au orange, le jaune, pâle, résiste, figé, muet, le jaune, tapi dans l’ombre du rouge, sang,
ploie mais ne rompt pas, il attend que fonde le rouge, que s’effritent ses couches,
il attend le jour où le soleil à nouveau l’émergera.
Lèvres écarlates, dents cireuses. Dessus les lèvres, dessus les dents, le bâillon de l’autorité.
Elle ne dira point, elle avalera ses mots-sang, ses larmes couleront le long de ses joues humiliées,
elles imbiberont le bâillon, rouge, sur ses lèvres tailladées.
Elle ne dira point, elle se taira
poignets
et
chevilles
ligotés aux cordes vocales de son agresseur,
articulations lacérées, douleur des cris ferreux dans gorge enflée, elle ravalera
goutte
par
goutte
sa rouge rancoeur
qui se transformera en bile transparente
qui finira elle le sait par jaillir du fond vers l’extérieur.
A travers les dents serrées dissoudre le bâillon, rouge,
éclabousser l’agresseur de son sang, de sa bile, de ses mots rancoeur,
neutraliser,
anéantir,
traverser.
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